Epilogue
J'ai
décomposé cet épilogue en plusieurs rubriques pour le rendre un
peu plus digeste. Il me permet personnellement de mémoriser tous les
aspects de ma randonnée, et chacun pourra consulter la partie qui
l'intéresse:
-
Préparatifs
-
Déroulement
-
Bilan
-
Palmarès
-
Réflexions diverses
-
Remerciements
Préparatifs
Ce
périple a demandé quelques préparatifs. Certains partent un peu la
fleur au fusil, utilisant certes les topos-guides des GR, ici du
GR10, qui relie l'océan Atlantique à la Méditerranée sur environ
900km avec près de 50000m de dénivelée positive, et donc
naturellement autant en descente.
Pour
ma part, je ne voulais laisser que le minimum au hasard, mettant à
profit le temps théoriquement disponible du retraité que je suis
depuis 3 ans (déjà!). Je ne voulais pas non plus m'encombrer des 4
topos-guides décrivant le trajet: c'est lourd et ça se dégrade
vite.
Je
me suis arrangé pour utiliser le quasi "zéro papier". Un
vrai "geek" diront certains!
Déjà,
je me suis lancé une sorte de défi, pour moi qui ne suis pas
particulièrement sportif: faire cette traversée d'une seule traite.
Vu mon âge (65 ans), ma condition physique supposée et les
possibilités d'hébergement (il n'était pas question de porter
tente et tout ce qui va avec: réchaud, petit matelas inconfortable,
duvet et surtout nourriture), cela a conduit à un parcours sur 55
jours, découpage que j'ai réussi à tenir jusqu'au bout, moyennant
évidemment quelques aménagements selon les événements.
A
l'aide des topos-guides, j'ai constitué un tableau comportant 55
étapes, composées de plusieurs sous-étapes, avec pour chacune
l'altitude du lieu, le temps de parcours du topo-guide, la distance
approximative et les dénivelées différenciées en montée et en
descente, enfin la somme journalière de ces valeurs. Cela m'a permis
d'équilibrer au mieux les étapes. Je n'ai prévu aucune journée de
repos, juste certaines étapes beaucoup plus courtes, de 3 à 5h de
marche théorique. Les distances ainsi que les dénivelées ont été
recueillies à partir du site Géoportail de l'IGN, en zoomant au
maximum compatible avec le fond de carte accessible, soit le
1/8600ème pour repérer au mieux les variations d'altitudes, et en
majorant un peu. Malgré cela, les valeurs relevées sur le terrain
seront très souvent supérieures à ces estimations.
J'ai
constitué aussi un catalogue de cartes journalières par copies
d'écrans, toujours à partir de Géoportail, à l'échelle optimale
pour avoir toute l'étape visible, dédoublées dans des cas
exceptionnels. Ce sont ces cartes qui figurent sur le blog.
Sur
le terrain, j'étais donc équipé de la manière suivante:
-
Une copie papier de mon tableau, qui restait dans mon sac-à-dos, à
utiliser en ultime recours.
-
Sur mon smartphone: de nouveau ce tableau sur la mémoire de
l'appareil et sur la mémoire externe, les cartes journalières et
les descriptifs des topos-guides que j'avais préalablement scannés
(peu utilisés pour ces derniers du fait du sens opposé de ma
randonnée), que j'utilisais pendant que je marchais.
-
Enfin, mon compagnon: le GPS de randonnée (Garmin GPSmap 62s),
équipé d'une carte topographique micro-SD Garmin (issue des cartes
IGN) avec la France entière jusqu'au 1/25000.
- En
autre recours, j'avais enregistré le tableau, les cartes
journalières et les descriptifs sur Google-Drive (en cas de perte
ou de destruction du smartphone, par exemple).
Déroulement
Comme
je l'ai déjà précisé, j'ai décidé de parcourir le GR10 dans le
sens opposé au descriptif des topos-guides, c'est-à-dire de la
Méditerranée à l'Atlantique de manière à pouvoir partir
suffisamment tôt dans la saison pour ne pas avoir de problème
d'hébergement, tout en n'arrivant pas trop tôt dans les hautes
Pyrénées. On doit ainsi préalablement traverser les Pyrénées
orientales et ariégeoises, alors que dans l'autre sens on y accède
immédiatement après avoir traversé les Pyrénées atlantiques.
De
plus, le matin, le soleil (éventuel!) n'éblouit pas.
Les
événements m'auront plutôt donné raison, sorte de prime à
l'audace; j'ai probablement eu de la chance, il y avait moins de
neige cette année par rapport aux précédentes, même si la neige
tardive avait laissé des névés.
Le
déroulement quasi immuable des journées s'est établi ainsi:
-
Réveil à 6h30, ablutions diverses, petit-déjeuner copieux,
rangement du sac-à-dos...
-
Départ vers 8h30: cela paraît long, et pourtant il me semble que je
ne perdais pas de temps!
-
Marche toute la journée avec prise de photos à l'aide du
smartphone.
-
Arrivée au gîte ou refuge, salutation du ou de la responsable et
installation.
-
Douche réconfortante, quand c'est possible (toilette de chat avec
eau à 6°C au refuge de Baysellance à 2500m, totale au gant de
toilette avec eau à 10°C au refuge des Ayous à 2000m).
-
Lavage du maillot, du slip et des chaussettes (au moins enlever la
sueur!).
-
Repas du soir en commun (ou seul si pas d'autres randonneurs, ce qui
m'est arrivé assez souvent!).
-
Tri des photos sur le smartphone.
-
Si wifi ou réseau disponible, les photos sont automatiquement
envoyées sur Dropbox.
-
Rédaction du texte d'accompagnement de l'étape tel qu'il apparaît
sur le blog et des légendes de photos (les distance, vitesse et
dénivelée en montée réelles sont récupérées sur le GPS qui a
conservé la trace de la journée, la dénivelée en descente en est
déduite à partir de la valeur prévue de mon tableau); elles
tiennent compte du trajet réellement parcouru avec les allers et
venues éventuellement supplémentaires dues à des erreurs ou
recherches de chemin.
-
Envoi par Internet à Francine. Elle se charge alors de la mise en
forme du blog.
-
Coucher dès que possible...
-
Bref, des journées bien remplies!
Bilan
J'ai
ainsi, toujours d'après mon GPS, et en comptabilisant les errements,
parcouru:
-
En distance: 975km, pour 900km annoncé sur le site internet du GR10.
-
En dénivelée en montée, et naturellement autant en descente: de
l'ordre de 48700m, valeur que j'avais à peu près estimée, soit une
moyenne journalière de 880m en montée et en descente.
Par
rapport au descriptif du topo-guide, j'ai dû faire quelques
concessions,
dues pour la plupart à l'état du terrain (pour plus amples
informations, voir les journées correspondantes du blog):
-
Etapes 11 et 12: remplacement, à partir du lac des Bouillouses, du
col de Bésines, puis de la descente sur Merens-les-Vals par le
détour par le sud sur le GRP du Tour du Carlit, en passant par
Porté-Puymorens et L'Hospitalet-près-l'Andore, soit ici un
rallongement significatif, à cause des névés supposés
infranchissables.
-
Etapes 13, 14 et 15: supprimées, dû à mon état de santé passager
(rhume carabiné et douleur insupportable la nuit sous le pied entre
les orteils et la plante); remplacées pour une nuit dans la chambre
d'hôte La Pommeraie dans la commune de Capoulet et Junac (Ariège),
puis une petite étape à Goulier où je resterai 2 nuits pour me
refaire une santé: mon corps réagira fortement à la contrainte à
laquelle il était soumis (fortes suées trempant le lit, je voyais
les gouttes perler à la surface de mon buste, et ce 2 à 3 jours
durant). De la pommade de bébé, prêtée obligeamment par la
gardienne du gîte de Goulier m'a efficacement réduit la douleur aux
pieds. A cette période, je me suis réellement posé la question
d'arrêter ou non la randonnée. J'ai dû effrayer mes amis
Marie-Claire, André, Jean et Olivier qui m'appelaient un de ces
soirs. Mais
je suis reparti...
-
Etapes 16 et 17: elles ont repris le contenu de l'étape 17 et du
début de l'étape 18 de mon tableau jusqu'à la sous-étape Marc, où
je récupérerai les amis qui m'accompagneront pendant les Pyrénées
ariégeoises jusqu'à l'étape 27.
-
Etape 19: montée directe à la Jasse du Fouillet depuis
Aulus-les-Bains sans passer par la Passerelle d'Ars ni l'Etang de
Guzet (2ème étape pour mes amis et journées chaudes, accès direct
depuis notre gîte évitant de traverser à nouveau tout le village).
-
Etape 33: raccourcie de 1h10 théorique entre le Pont de la Gaubie et
Barèges; je n'en pouvais plus de la descente interminable depuis le
col de Madamète, j'avais mal aux pieds, et un randonneur local m'a
proposé de m'emmener en voiture au gîte.
-
Etape 35: montée directe aux Granges de Bué depuis le gîte
d'Eyrues sans revenir à Trimbareilles; mais là, les kilomètres, je
les avais fait la veille pour accéder au gîte!
-
Etapes 41 et 42: plusieurs signes m'ont convaincu de ne pas passer
par la Hourquette d'Arre enneigée, et bien qu'ayant traversé la
Hourquette d'Ossoue à l'étape 37 (témoignage de randonneurs venant
de là, place disponible dans l'excellent gîte d'Eaux-Chaudes, casse
des lunettes nécessitant l'achat de lunettes-loupes à Laruns). Donc
trajet Gourette / Hourquette d'Arre / Gabas puis Gabas / Lac Gentau
le lendemain remplacé par Gourette / Eaux-Bonnes via le GRP du Tour
de la Vallée d'Ossau puis auto-stop jusqu'à Laruns puis Laruns /
Eaux-Chaudes via le GR108 et le lendemain Eaux-Chaudes / Gabas via le
GR108 puis Gabas / Lac Gentau via le GR10 retrouvé.
Le
fait de partir tôt en saison a eu comme conséquences:
-
Pas de grosses chaleurs, donc peu d'orages; pas de taons.
-
Possibilités d'hébergements largement facilitées.
-
Mais restes de neige sur les chemins.
J'ai
établi un indice POPEYE
résumant le temps que j'ai eu pendant cette randonnée; pour chaque
jour:
-
Valeur =1 pour beau temps
-
Valeur = 0 pour mauvais temps
-
Valeur = 0,5 pour temps mitigé (beau temps le matin et mauvais temps
l'après midi, ou temps couvert toute la journée sans forte
pluie...)
Naturellement,
c'est un peu subjectif, mais ça donne une tendance. J'ai obtenu
ainsi une note sur 55; ramenée à une note sur 10, j'obtiens un
indice POPEYE de 7,4, ce qui est plutôt bien!
Mais,
ce que cet indice ne montre pas, j'ai plutôt eu de la chance lors
des endroits particulièrement spectaculaires tels que le Canigou
depuis la crête du Barbet (étape 7), le chemin en balcon en allant
sur le barrage de l'Etang d'Izourt (étape 16), le cirque autour de
la cabane d'Aula (étape 21), le cirque autour du refuge d'Espingo
(étape 30), la vue sur le Cirque de Gavarnie depuis le chemin en
balcon menant à Grange de Holle (étape 35), avant et après la
Hourquette d'Ossoue avec la vue sur le massif du Vignemale (étapes
36 et 37), la vue sur le Pic du Midi d'Ossau depuis le refuge d'Ayous
(étape 42), toute la crête d'Iparla (étape 52). Un regret: l'étape
45 avec le Pas d'Azun et le Pas de L'Osque dans les nuages. Mais on
ne peut pas gagner sur tous les tableaux!
Palmarès
Les
films ont leurs CEZARS ou leurs OSCARS, la randonnée va avoir ses
POPEYES.
En
règle générale, l'accueil et la gastronomie ont été tout à fait
corrects. De manière absolument subjective, j'ai décidé
d'attribuer des POPEYES aux hébergements rencontrés. Là aussi,
vous pouvez vous reporter à l'étape concernée pour plus de
détails.
-
POPEYE du meilleur accueil et du respect du randonneur: Gîte de
Rouze (étape 20). C'est en effet là que l'on trouvait tout ce qu'il
fallait pour continuer la randonnée dans les meilleures conditions
(bières et apéritifs à disposition, étagères de produits divers
en vente avec simple cassette pour y déposer son dû en toute
confiance) et même des produits à disposition gracieuse pour
soigner ses bobos. A noter également une mention spéciale pour
Georges et Evelyne de la chambre d'hôte de la Pommeraie (13ème
étape, voir aussi ci-dessus) qui ont trouvé les mots justes pour me
remonter le moral. Et aussi, le réconfort apporté par la
propriétaire du gîte Mérens-les-Vals quand je suis arrivé trempé
jusqu'aux os et après avoir découvert qu'il n'y avait plus de
ravitaillement dans le village. Mais bien d'autres ont été
sympas...
-
POPEYE du meilleur repas: là encore, le gîte de Rouze (ah, l'épaule
et le cuissot de chevreau!). Mais j'ai aussi en tête la côte de
boeuf de Goulier (14ème étape), ou encore les odeurs de cuisson des
légumes basques du gîte Maison Montagne de Lescun (44ème étape)...
-
POPEYE du meilleur petit-déjeuner: gîte de Gaineka Karrikan à
Saint-Étienne-de-Baigorry (étape 51), qui avait aussi une bonne
bière basque à la pression...
Mais
aussi...
-
POPEYE de la plus mauvaise considération envers le randonneur; il
n'y en a pas eu beaucoup, en fait un seul me vient à l'esprit: le
gîte Le Chemin Vers l'Etoile à Saint-Jean-Pied-de-Port (50ème
étape, mais voir aussi 51ème étape). Le tenancier m'a pris pour un
imbécile (et je reste poli!) en m'annonçant que j'étais seul, et
ça, c'est vrai, je ne l'ai toujours pas digéré! Un gîte d'étape
vend avant tout de l'accès au sommeil dans les meilleures conditions
possibles, et se pointer avec un groupe de nouveaux arrivants à
22h30 pour une comédie qui durera jusqu'à 23h30, ça ne se fait pas
dans la profession! Dommage, car l'équipement du gîte était
correct et propre.
- POPEYE
du plus mauvais petit-déjeuner. Le gagnant est... le gîte Le
Chemin Vers l'Etoile à Saint-Jean-Pied-de-Port: pains mollassons,
beurre et confiture de premier prix, il n'a pas coûté cher! Et en
plus, pour ceux qui voulaient du café, il fallait utiliser la
machine (1€/café)!
Réflexions
diverses
- Au cours de cette randonnée, j'ai perdu, en douceur, 6kg.
- Espèce vivante la plus fréquemment rencontrée: les limaces, au nombre de 5353.
- Espèce vivante la plus fréquemment rencontrée: les limaces, au nombre de 5353.
-
Pendant ces deux mois, les seules nouvelles de l'actualité que j'ai
notées sont les inondations à Paris, le "non à l'Europe"
du référendum au Royaume Uni (j'ai plaint du fond du cœur les
Anglais et Écossais que j'ai rencontrés), et naturellement la grève
à la SNCF puisque Patrick et moi puis mes 4 autres amis y avons été
confrontés. Je n'ai entendu parler de rien d'autre (à part d'un
certain ballon rond), et franchement, ça ne m'a pas manqué!
-
Par contre, ce qui m'a manqué, c'est bien sûr ma famille, mais
aussi: la musique (classique surtout), la lecture et les mots
croisés, et encore le Camembert, le Brie et le Munster au lait cru. Quant au bricolage, je savais qu'il m'attendrait à la
maison...
Remerciements
Ils
vont tout d'abord à Francine qui m'a laissé quitter le domicile
conjugal pendant près de 2 mois! C'était la première fois que cela
nous arrivait. Mais elle a compris que cette expérience était
importante pour moi, que, les années passant, je n'aurais plus guère
l'occasion d'un tel périple. C'est aussi elle qui a pris en charge
la mise en forme du blog à partir de mes données brutes, relayée
par notre fils Sébastien lorsqu'elle était elle-même partie et
occupée sous d'autres cieux. Merci donc à lui aussi. Il est vrai
que c'est lui qui nous avait incité à écrire ce blog lors de la
randonnée sur le GR5 (Vosges, Jura et Alpes) des 3 années passées,
et nous ne le regrettons pas: cela fait un très bel album de
souvenirs.
Ensuite
un grand merci à Patrick, puis Marie-Claire, André, Jean et Olivier
qui m'ont accompagné respectivement les 7 premiers jours puis dans
la majeure partie de l'Ariège avec notamment la logistique sans
faille d'André concernant l'hébergement dans cette zone ravitaillée
par les corbeaux!
Merci
à tous ceux que j'ai rencontrés sur mon chemin, soit en me donnant
de précieux renseignements, soit en me véhiculant
exceptionnellement, soit en m'apportant réconfort et soins divers.
Ces rencontres fortuites ont toujours été riches en échanges et
fort sympathiques.
Merci
également à tous ceux qui m'ont suivi sur le blog dans mes
pérégrinations. Si je n'ai pas répondu aux mots d'encouragement
par manque de temps, sachez j'ai été très touché par ces
témoignages de sympathie.
Je
remercie enfin mon GPS et mes bâtons de m'avoir fidèlement aidé et
soutenu (c'est le cas de le dire pour les bâtons!) tout au long de
ce périple!